Les périphériques vous parlent
Dossier de Presse

Article paru dans Le Provençal du 22 avril 1997 :

LA TROUPE GÉNÉRATION CHAOS INTERVIENT À AIX

Le théâtre citoyen s'installe
à la fac de Lettres

Pour les Génération Chaos, héritiers de l'agit-prop, “la culture doit s'occuper de la politique”.

Repérés à Strasbourg lors des manifestations anti-Le Pen ou à Toulon en première partie de Noir Désir, les acteurs de Génération Chaos sont arrivés hier à Aix. Aujourd'hui, cette troupe engagée contre « les politiques d'exclusion » et le fascisme, poursuit à la fac de Lettres son travail politico-culturel.

Micro en main, la prof est en passe de terminer son cours. Devant elle, dans l'immense amphi F de la fac de Lettres, une centaine d'élèves prend des notes en silence. Il reste encore un quart d'heure à tirer...

Soudain, elle pose un point final et cède la place à de « mystérieux intervenants ». Aussitôt, une quinzaine de jeunes gens se regroupent devant l'estrade. Ce sont les Génération Chaos. Des acteurs venus de Ville Evrard, qui se sont installés à Aix pour deux jours.

Sans laisser aux étudiants le temps de plier bagages pour gagner le Resto-U ou la cafét', ils se mettent à scander un texte fort, rageur.

Ça parle de l'exclusion, de la pauvreté, de Thatcher, du contrat d'insertion professionnelle (le défunt CIP)... Les phrases se bousculent, sont reprises en chœur avec une violence saisissante. Ça s'appelle « Un enfant sur trois vit sous le seuil de la pauvreté en Grande-Bretagne » et c'est un choc.

Quelques instants plus tard, le même spectacle sera rejoué dans le grand hall de la fac. Provoquant à nouveau l'adhésion des étudiants aixois, autant séduits par le punch de l'expression artistique que par l'implacable virulence du message.

Aujourd'hui, Génération Chaos cognera encore plus fort à 12h30, en présentant Citoyens en France, une pièce qu'ils ont jouée en ouverture des manifestations anti-Le Pen de Strasbourg.

Opération “Résistance”

Placés sous le signe de la « Résistance », cette venue des G.C. a été organisée par des étudiants soucieux d'engager le débat sur « l'asservissement de la culture et de la vie à l'économie de marché, la dictature de l'ultra-libéralisme, le repli sur soi », la montée de l'extrême-droite...

Autant de thèmes que Génération Chaos aborde avec puissance et conviction, s'inscrivant parfaitement dans la constitution d'un mouvement citoyen qui a vu des milliers de Français descendre dans la rue contre la loi Debré ou pour défendre les sans-papiers de Saint-Bernard.

« Je crois qu'il y a urgence d'agir, affirme ainsi Jérémy Prophet, un des fondateurs de la troupe. Aujourd'hui, on voit voter des lois et prendre des mesures à court terme, alors qu'il faut poser les problèmes de la vie et du devenir de notre société. Au-delà des échéances et des petites ambitions de certains... ».

D'où la nécessité de s'engager, le besoin de militer, de prendre la parole. Ne serait-ce parce que, comme l'explique une phrase de Serge Daney placée en conclusion d'un des spectacles de Génération Chaos, « l'information n'est pas un dû mais une pratique ».

Fred GUILLEDOUX

Les enfants de l'agit-prop tendance Marc'O

Les Génération Chaos ne sortent pas du néant. S'ils ont tous autour de la vingtaine d'années ils s'inscrivent dans un mouvement politico-culturel assez ancien : l'agit-prop tendance Marc'O. C'est ce dernier qui a écrit leur premier spectacle, Génération Chaos I, après les avoir rencontrés en 1991. Il participe également à leur journal, Les périphériques vous parlent (tiré à 5.000 exemplaires et vendu dans les facs).

Descendant direct des activistes soviétiques des années 20 et du théâtre militant de Jacques Prévert, Marc'O s'est notamment fait remarquer en 1966 en montant Les Idoles, pièce anti-star system avec Bulle Ogier, Jean-Pierre Kalfon, Valérie Lagrange, Bernadette Lafont, Jacques Higelin... Par la suite, il a bossé pour la télévision, le théâtre et le cinéma, entre la France et l'Italie.

Indépendant en diable, l'homme a toujours défendu dans son travail la participation du public, l'improvisation de l'acteur, l'explosion de la scène théâtrale vers la scène sociale... Sa présence aux cotés de Génération Chaos s'inscrit donc dans une logique humaine au long cours. D'autant qu'il estime que la culture ne peut plus rester inactive contre « les visions à court terme des décideurs » et « la banalisation des politiques d'exclusion à relents fascistes ».

Pourquoi une telle responsabilité pour la culture ? « Parce que c'est par là que la société est à vif aujourd'hui ».

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Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 15 avril 03 par TMTM
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