hiver 1998 p. 7, 8, 10 et 12 |
Deleuze : surfeur de l'immanence |
Photo : Tessa Polak |
Vaincre ou perdre ? Est-ce que, dans la victoire, on est toujours bon ? Qu'est-ce que ça veut dire “la victoire” ? On n'est pas forcément en situation de réussite quand on gagne et on n'est pas non plus dans une situation d'échec quand on perd. Il y a un équilibre à avoir entre ce qui est visible : le résultat sur la feuille de match, et la perception de ce qu'on fait, la différence entre là où on est parti et là où on est arrivé. J'ai entraîné des équipes avec des gosses de moins de treize ans qui avaient un bon niveau. Entraîner c'est compliqué, notamment par rapport à la façon dont sont perçues la défaite et la victoire. Gagner toujours ne fait pas forcément progresser les gamins, parce qu'ils en arrivent à ne plus se poser de questions sur leurs défauts. Quant à perdre... J'ai entraîné des équipes qui perdaient 10-0 tous les week-ends, le critère de réussite devenait alors le fait de ne perdre aucun gamin à la fin de l'année. Qu'est-ce qui fait alors qu'ils restent ? Le fait qu'ils progressent ou non individuellement ou que l'équipe progresse ? Ça, ce sont des critères de réussite. Avec ces gamins qui perdaient tout le temps la prise de risque n'était plus relative au score, c'était justement ce qu'ils s'accordaient à prendre comme risque dans l'activité pour faire quelque chose de différent de ce qu'ils savent faire. C'est ça pour moi la prise de risque. Je donne un exemple : il y a un gamin qui joue arrière droit et qui est tout le temps spectateur du jeu, il ne fait que défendre et ne participe jamais à la construction du jeu, il ne demande jamais la balle et ne sort jamais de sa zone. Tu peux jouer avec une équipe qui est toujours battue 15-0 tous les week-ends et en même temps faire progresser le gamin dans sa capacité à se mobiliser différemment, à ne plus être spectateur et à devenir un participant du jeu. Après, ce sont ses limites techniques dans la manipulation du ballon, ses limites physiques parce qu'il n'est pas assez vif et tonique, qui font qu'il va perdre; mais lui, par contre, il aura fait des choses nouvelles et c'est là qu'il prend du plaisir. Je dis cela mais, en même temps, je suis conscient de l'importance de la représentation. Tu perds 10-0, t'as toujours perdu 10-0, tu rentres chez toi en te disant que tu as perdu et non en te disant j'ai fait ceci, cela. C'est à l'entraîneur, puis à l'enfant de comprendre ce qu'il a fait de nouveau à chaque match par rapport au match précédent. C'est le regard qui permet ça, ce n'est pas autre chose, le regard que tu portes sur ta pratique et sur celle des autres. |
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Brève du Modemas Le 16 décembre 1998 au Palais de justice de Paris a lieu le procès de l'avocate Claudette Duhamel. L'attaque vient du ministère de la Justice français, grâce au zèle de trois magistrats du barreau de Fort-de-France (Martinique). Pourquoi, comment une avocate se retrouve-t-elle en procès par le fait de magistrats ? Voici les faits : le 13 mai 1997 étaient jugés à Fort-de-France trois militants Guyanais. Ces militants avaient été arrêtés lors du mouvement lycéen de Guyane fin décembre 1996 et déportés en bateau, enchaînés, de Guyane en Martinique ; depuis lors emprisonnés et jugés sous l'accusation de « troubles à l'ordre public ». Maître Claudette Duhamel était l'une des avocates de ces trois prisonniers. Au moment de l'habituelle plaidoirie de la défense, un des magistrats a signifié aux avocats son refus de les entendre ! Chose en théorie difficilement compatible avec l'exercice de « justice républicaine », pour ne pas dire tout simplement inconcevable. Étonnée et outrée de se voir interdite de plaidoirie, Maître Claudette Duhamel a donc déclaré que de telles décisions, arbitraires et de surcroît illégitimes et illégales, témoignaient du fait que la justice rendue aux DOM TOM est une justice coloniale. Le premier magistrat a alors exigé de l'avocate qu'elle s'excuse. Ce qu'elle a bien entendu refusé. Voici donc, depuis lors, cette avocate, militante, membre du Modemas accusée « d'insultes à magistrats » pour avoir osé constater, qu'interdire à la défense de plaider en faveur de clients guyanais procède de la pratique coloniale. |
Sur des ondes libérées Une émission radio animée par Les périphériques vous parlent et Génération Chaos a lieu tous les quinze jours le vendredi de 16 à 18 h sur Fréquence Paris Plurielle (FPP, FM 106,3 MHz) qui émet sur Paris et sa région. Cette émission se veut comme un laboratoire radiophonique où mettre en jeu des paroles vives face aux discours magistraux qui dominent les ondes. La rédaction tient à la disposition de ceux qui le désirent des copies cassettes des émissions (60 francs par émission, frais d'envoi compris. Pour avoir la liste détaillée des émissions, nous écrire). |
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Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 25 avril 03 par TMTM
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