Parce que :
devant la montée de la précarisation et la domination de l’économisme, c’est le devenir humain lui-même qui est en danger,
la richesse, ce fruit promis de « la bonne santé du marché », ne concerne que l’enrichissement des riches, pire « des déjà trop riches » : les seigneurs de la guerre économique. En aucun cas, elle n’implique la prospérité des citoyens,
l’accroissement de la richesse mondiale qualifié pompeusement de « croissance » est une abstraction qui n’enrichit qu’une fortune virtuelle (celle qui alimente les mouvements vertigineux des capitaux en bourses), fortune colossale, certes, mais qui - paradoxe ! - s’édifie sur une réalité, elle, des plus concrètes : l’augmentation de la misère dans le monde.
l’idéologie ultra et néo-libérale dominant le monde, aujourd’hui, impose la suprématie totalitaire d’une économie de marché, qui condamne non seulement le marché lui-même mais toutes les autres formes d’expression et d’activité humaine,
cette suprématie crée un état de fait mondial qui réduit chaque habitant de tout pays au rôle de consommateur,
la norme consommation que l’économie de marché prescrit de fait au monde entier, n’offre guère d’opportunités aux hommes et aux femmes d’exercer leur citoyenneté,
"Il y a 47 pauvres de plus chaque minute dans le monde".
(Programme des Nations Unies pour le développement, cité par Libération le 18 juillet 1996.)
Aussi,
face aux valeurs comptables qui prétendent régir l’ensemble des réalités humaines, faudra-t-il imaginer un devenir citoyen à faire au présent, mettant en jeu l’ensemble des savoir et des pratiques scientifiques, culturelles, philosophiques, sociales et humaines.
l’exercice de la citoyenneté dépendra-t-elle ainsi, d’une part, des possibles offerts à chaque individu pour l’exercer, d’autre part, des capacités et des moyens que chacun saura conquérir et inventer pour devenir citoyen : « On n’est citoyen qu’à le devenir ».
c’est, donc, à chacun et ensemble, de se donner les instruments, les espaces, les procédures, les protocoles, pour exercer cette activité de citoyen, qui ne peut se borner au seul droit de vote.
cette exigence est mondiale dans la mesure où les réalités propres à chaque nation tendent à devenir de plus en plus inter-indépendantes. Dans cette optique, chacun se doit d’être pilote dans son pays afin de mettre en jeu une politique citoyenne mondiale pouvant assurer partout l’expression des différences des peuples.