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Numéro 5
Edito
Une manifestation pour des États du Devenir
Par Les Périphériques vous parlent |
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Aujourd’hui plus que jamais, nous voyons dans le projet des États du Devenir un objectif susceptible de rapprocher ceux qui n’acceptent pas comme inéluctable l’avenir inquiétant que l’idéologie de la compétitivité basée sur l’élimination de l’autre nous programme. « La logique de lacompétitivité cherche à abaisser le degré de diversité du système en éliminant ceux qui sont incapables de résister aux forces dominantes et d’affronter plus forts qu’eux. En ce sens, elle contribue à l’expansion du phénomène de l’exclusion sociale : les personnes, les entreprises, les villes et les nations non concurrentielles sont laissées pour compte et éliminées de la course. Ce n’est pas acceptable sur le plan moral et ce n’est guère efficace sur celui de l’économie. Plus un système s’appauvrit, plus il perd la capacité de se régénérer. » (Groupe de Lisbonne, Limites à la compétitivité, éd. La Découverte.)

Les États du Devenir concernent donc tout particulièrement ceux qui n’acceptent pas la logique économiste de la compétitivité basée sur l’élimination de l’autre, ceux qui n’ont pas renoncé à se donner un devenir, c’est-à-dire ceux encore qui veulent concevoir un projet d’avenir à faire par tous et pour tous.

L’idée d’une manifestation pour des États de Devenir tient pour l’essentiel de cette remarque : « La concurrence, de concurrencer, désigne des forces poursuivant le même but. De son côté le mot compétition du latin cum petere veut dire rechercher ensemble. » (idem). C’est au pied de la lettre que nous voulons entendre cette explication étymologique lorsque nous proposons cette manifestation que nous voudrions résolument placer sous les auspices du cum petere : un chercher ensemble qui s’oppose au sens que prend habituellement le mot compétitivité, aujourd’hui, soit élimination de l’autre : le concurrent. C’est là, bien sûr un appel à « désobéir » à l’injonction guerrière que notre époque prête au terme compétitivité.

La manifestation que nous proposons pourrait comporter trois moments. La première journée serait consacrée à la question : Citoyen : acteur ou interprète ?, la seconde à La philosophie, une réponse à l’économisme ?, et enfin la troisième journée serait destinée à débattre du projet des États du Devenir.

Notre intention n° 1 est pas de rassembler un auditoire autour d’experts, de spécialistes qui soumettraient des propositions, aussi intéressantes soient-elles. Nous pensons plutôt à des interventions faites par des personnes qui se sentent concernées à titres divers : des experts certes, mais aussi ceux qui s’expriment à travers l’artistique, les disciplines scientifiques, la philosophie, la formation, ainsi que ceux qui agissent sur le terrain, dans les villes et les banlieues (les associations, entre autres), dans le monde du travail (entreprises et syndicats), les chômeurs, les exclus, les précaires et tous les autres que l’on oublie toujours. La diversité des signataires des États du Devenir atteste déjà du souci de mettre en relation des groupes et des individus d’origines et de sensibilités très différentes.

Tout le long de cette manifestation des débats, des explorations, des ateliers réuniront les participants autour des problématiques que les thèmes de ces trois journées génèrent. À partir des suggestions des protagonistes, nous espérons que les États du Devenir prennent consistance et que des objectifs précis inspirent une action commune. Comme nous l’avons indiqué dans l’Avertissement, les articles qui composent ce numéro représentent une première contribution destinée à orienter une démarche commune pour cette manifestation.