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Numéro 2
La multiactivité
Par Les Périphériques vous parlent | Paru le septembre 1994

Avec la multiactivité, il s’agit moins de se donner, au départ, les moyens d’accomplir « plusieurs types de boulot » que d’acquérir une vision large de sa situation, de ses capacités aussi bien au plan personnel qu’au plan interactif. Le développement des capacités liées à la multiactivité va dépendre de l’adaptation des hommes pour organiser le temps de production, d’apprentissage, de vie sociale et familiale, de loisirs dans un même espace/temps.

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L’homme unidimensionnel est par excellence le sujet/objet de l’organisation taylorienne, : « un moyen parmi d’autres ». Plus qu’à un élargissement du champ d’intervention dans le cadre du métier, nous entendrons par multiactivité, l’opportunité pour l’homme d’accroître ses capacités d’intervention. Il ne s’agit pas, pour lui, seulement de multiplier les interventions au plan du travail, avant tout il lui convient d’avoir une large vision de la situation d’être « disposé », le mot est important, à opérer sur tous les plans de la vie. La vie est désormais une et indivisible, par là elle est complexe. Vie professionnelle, familiale et sociale représentent une même démarche culturelle. Le développement des capacités liées à la multiactivité, va maintenant dépendre de l’adaptation des hommes à aménager le temps de production, d’apprentissage, de vie sociale, familiale et de loisirs dans un même espace/temps.

L’interprète est mal préparé à comprendre ce qui se trouve hors de la sphère du métier qu’il a appris. Il fait une distinction entre son travail, et sa vie sociale et familiale. Il se plaît, formellement du moins, à croire qu’il en est ainsi. Le plus souvent l’évolution rapide des techniques dépasse ses capacités professionnelles. Il se sent largué, vieux devant un monde qu’il comprend mal. C’est que l’éducation (famille, école, université) n’encourage guère à se hasarder hors des habitudes qui délimitent les modes de voir, de penser et de faire de l’époque. L’étudiant, par exemple, le plus souvent ne « vit » pas à l’université, « il y passe », juste pour acquérir un diplòme qui lui ouvrira une carrière professionnelle. Cette démarche est de moins en moins vraie. Apprendre à vivre, à savoir organiser sa vie, devient bien plus utile, nécessaire, pour exercer un métier. Les métiers eux-mêmes évoluent plus vite que la capacité des hommes à les exercer. Par là, la formation permanente se révèle une obligation incontournable, mais en même temps cette formation est de plus en plus difficile à développer. Universités et entreprises devraient engager des synergies d’un nouveau type, que ni les uns (L’État, les collectivités, les institutions, les entreprises) ni les autres (écoles et facultés, étudiants et employés) ne se préoccupent de nouer. La capacité innée d’adaptation au changement est, malheureusement, une qualité rare, disons qu’il est préférable d’essayer d’apprendre à changer.

Nous sommes convaincus qu’un nouveau système de production va s’imposer, difficilement peut-être, mais sûrement. On peut concevoir que ce système verra la production, la recherche et la formation, s’exprimer dans un même espace/temps. De quelles manières, comment ? Dans quels types de structures, avec quelles dispositions ? sont des questions, il y en a certainement bien d’autres, auxquelles il faut encore répondre.