Extrait
Avec cet article, qui confronte, sur bien des plans et domaines (philosophie, éthique, science, linguistique, culture) le Croyant et le citoyen, je m’engage dans une sorte de frayage pour sortir du paysage culturel contemporain encombré d’idées reçues qui ne cessent de remodeler les figures d’une façade destinée à tranquilliser un public soumis aux pressions d’un "médiatique" surpuissant. Le terme frayage est connu, mais il n’est pas d’emploi facile. Ces variantes sont infinies, et comme il se manifeste le plus souvent au début de tout projet qui affronte une situation inhabituelle, il dépend essentiellement des possibilités des protagonistes qui le mettent en jeu. D’où cette introduction préalable.
Je relèverai, tout d’abord, que le mot frayage indique une procédure pour penser et agir aux conditions initiales dans toute activité (sociale, culturelle, politique) qui s’appuie sur la créativité. La créativité se manifeste dans bien des domaines, elle implique, non seulement, la culture, la science, l’artistique, mais aussi les domaines du social, de la philosophie, de la connaissance, de la politique et de nombreuses autres activités humaines. C’est une notion fondamentale, la plus importante peut-être qui caractérise les pratiques humaines. Dans son acception la plus noble, elle se révèle le meilleur moyen (à la fois instrument de connaissance, mode de penser et de faire, praxis et théorie) qu’a inventé l’être humain pour se donner un devenir dans sa vie. En ceci, la créativité se heurte immédiatement aux pratiques dominantes culturelles qui souvent se révèlent des obstacles conséquents. Aussi, tout prétendant à un savoir, à un savoir problématique se voit-il aussitôt appelé à produire des prémisses, des moyens, des procédures originales de toutes sortes qui donneront champ libre à cette pratique qu’est la créativité, qui introduit inévitablement une situation inaugurale. C’est dans cette contexture que le frayage se présente à la réflexion.