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Rendez-vous des Ateliers de l’Université du Bien commun à Paris

SAMEDI 29 FEVRIER 2020 : Le travail invisible des communs
à La Paillasse (Maison du Libre et des Communs – Paris)
226 rue Saint-Denis, 75002 Paris (M° Strasbourg Saint Denis)

de 15 h à 18 h 30 – accueil dès 14 h 30

Participation aux frais à partir de 3 € (réservation dans la limite des places disponibles)

Session organisée et animée par Réseau Roosevelt Paris – Ile de France (Annie Flexer et Bruno Lamour) avec Patrick Viveret, philosophe et auteur du rapport "Reconsidérer la richesse" (2002) – Les comptes et les contes : l’exemple du bénévolat ; Lionel Maurel, Juriste et bibliothécaire, co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Travail gratuit et travail invisible dans les communs de la connaissance ; Christine Castejon, analyste du travail et philosophe – L’activité invisible des retraité.e.s

En tous temps et en tous lieux, les communs naissent et vivent essentiellement grâce au travail gratuit, le plus souvent invisible, de communautés, formelles ou non – depuis le bénévolat "traditionnel" jusqu’au développement de logiciels libres, de plateformes numériques à but non lucratif ou encore à la constitution de communs de la connaissance et des savoirs. Quelle est la place de ce "travail" dans les parcours individuels et dans la tension collective vers le bien commun ? quelle en est la rétribution – symbolique ou triviale – individuelle et collective ? en quoi participe-t-il à l’émancipation des personnes ? à l’évolution de la société ? comment le comptabiliser par rapport au travail dit "alimentaire" ?

Dans la suite de notre session de 2019 : "Travail et commun : repenser les fondations du concept de travail au XXIe siècle, au prisme du commun", nous proposons, dans ce deuxième volet, de débattre sur le sens et la place de ce travail gratuit aujourd’hui, face à la résurgence des communs, et d’ouvrir la réflexion sur les possibles transformations de la place du travail et des autres activités, à l’échelle d’une vie, dans le contexte socio-économique du XXIe siècle.


SAMEDI 8 FEVRIER 2020 : Tiers espaces et communs urbains
à La Paillasse (Maison du Libre et des Communs – Paris)
226 rue Saint-Denis, 75002 Paris (M° Strasbourg Saint Denis)

de 15 h à 18 h 30 - accueil dès 14 h 30

Participation aux frais à partir de 3 € (réservations dans la limite des places disponibles)

Session initiée par Claire Dehove et Jean-Pascal Derumier avec Sylvia Fredriksson, Hugues Bazin et Tibo Labat.

Aujourd’hui, la plupart des biens collectifs sont gérés, soit par l’état, soit par le privé … avec en creux le message à l’adresse du citoyen que tout est fait pour répondre à ses besoins.

Une voie alternative à cette prise en charge passive du citoyen est celle des communs qui repose sur une communauté et un mode de gouvernance aptes à partager de façon créative et démocratique des Biens Communs.

Communs, communs urbains, tiers espaces renvoient à une grande diversité de lieux appropriables collectivement : espaces naturels, délaissés urbains, lieux en transition, jardins collectifs, bâtiments municipaux vacants, infrastructures sportives en libre usage, ZAD et autres expérimentations éco-politiques. Ils ont aussi partie liée avec la mobilité (co-voiturage et mobilités douces), l’autonomie alimentaire ou le financement participatif. Ces zones de transition, de métamorphose ou d’effondrement témoignent d’une reconfiguration des rapports sociaux, des modèles socio-économiques et de leurs traductions sur les territoires.

Les tiers espaces communs invitent à repenser nos modes d’organisation socio-économiques. Ils peuvent s’investir de façon spontanée, éphémère, organisée ou pérenne ou bien encore à partir d’une intention collective tournée vers le bien commun. On y fabrique, des rêves, des outils, des concepts qui participent de la diversité dont nos sociétés ont besoin pour se renouveler et surtout répondre aux défis de la crise systémique. Le principe de laboratoire social permet d’évaluer comment des tiers espaces contribuent à un imaginaire instituant de la société en alliant justice sociale et validation d’une production plurielle des savoirs (expérimentations sociales, espaces intermédiaires de l’existence, centralités populaires).

Dans un espace urbain, on parle de communs urbains pour qualifier les tiers espaces où les citoyens sont amenés, par une appropriation collective, à s’autonomiser, à s’auto-organiser et à contribuer à la transformation de nos modes traditionnels de fabrique et de gestion des villes. Les communs urbains situent cet engagement dans la cité sous l’angle de la démocratie d’initiative partagée (contributive) portée par une pluralité d’acteurs.

Les initiatives portées par des logiques citoyennes dans les tiers espaces et les communs urbains sont très diversifiées et elles entretiennent un fort lien de perméabilité. Elles font l’objet de classifications parfois contradictoires qui demandent à être revisitées avec précision, afin que ces expériences ne soient pas détournées de leurs objectifs initiaux au profit des logiques économiques prédatrices qu’elles pensaient combattre. On peut toutefois s’appuyer sur nombre d’écrits scientifiques, de wikis communautaires, ou d’autres médias, pour noter que les communs construisent un espace politique par la production sémantique et documentaire, reliant les initiatives locales et disséminant le commoning à tous les aspects de la vie sociale.

Cette session de l’Université du Bien Commun propose un protocole d’atelier participatif visant à aborder ensemble les modalités d’émergence et les incidences de ces laboratoires vivants.

Le public participant à la session est invité à apporter des documents et à livrer des récits relatifs à ce type d’expérimentation afin de constituer un corpus commun que les intervenants invités vont enrichir de leurs outils spécifiques et de leurs pratiques sur les terrains. Parmi celles-ci, sont prévus un film et un témoignage sur la vie à la ZAD de Notre-Dame des Landes (spécificité d’une lutte qui a su mélanger résistance et alternative à l’aéroport au profit de l’expérience d’un paysage en commun), un documentaire de WOS/agence des hypothèses sur des Zones de Gratuité, ainsi que des ouvrages relatifs aux tiers espaces et aux communs urbains.

La session compte se structurer autour de ces quatre questions :
· Quel corpus théorique pour construire de nouveaux référentiels communs ?
· Comment faire de ces expériences des fers de lance de la transition vers d’autres formes socio-économiques ?
· Comment valider ces acquis d’expériences et cette production de savoirs et en faire de véritables leviers de transformation ?
· Comment ces référentiels peuvent investir le champ politique afin d’orienter les politiques publiques ?

Cette session-atelier se terminera par un moment récapitulatif du corpus élaboré ensemble puisqu’elle est une étape de recherche destinée à poser les bases de réflexion en vue de la journée-forum que l’UBC organisera en octobre 2020 et qui sera dédiée à ces espaces autonomes de la pensée et de l’action.

Les intervenants :
Hugues Bazin est chercheur indépendant en sciences sociales. Il est animateur du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action (LISRA), chercheur associé à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord. Il développe une démarche autour de tiers espaces permettant de prendre en compte des populations et des problématiques qui restent bien souvent dans l’angle mort de la connaissance.

Claire Dehove est artiste chercheuse et scénographe. Elle a initié WOS/agence des hypothèses qui a généré des dispositifs collaboratifs tels que le Hall de Gratuité à Bobigny, Libre Ambulantage à Dakar, les Anarchives de la Révolte, les Anarchives de la Migration, le Ministère MAPHAVE à Montréal, l’Ambassade des Communs à Bordeaux et l’Ambassade de la MétaNation (avec Quebracho Théâtre).

Jean Pascal Derumier est spécialiste du management des organisations et de l’innovation. Après avoir été consultant puis à la direction I&R de la SNCF, il crée son entreprise de conseil spécialisée dans l’accompagnement des territoires en transition. Il est fondateur de l’association Innovation Citoyenne et Développement Durable (ICDD). Suite à trois livres sur cette problématique, sa dernière publication porte sur la transition territoriale.

Sylvia Fredriksson est designer et chercheuse. Elle a été commissaire scientifique de l’exposition L’Expérience des tiers lieux à la Biennale Internationale du design de Saint-Étienne 2017. Elle est contributrice du collectif interculturel Remix the Commons et de la Myne/ Manufacture des Idées et Nouvelles Expérimentations à Villeurbanne. Elle est coordonnatrice avec Nicolas Sauret du Dossier Ecrire les Communs publié en 2019 par la revue Sens Public.

Tibo Labat est architecte et activiste. Membre fondateur du collectif Fertile qui s’attache à faire vivre les friches et interstices des métropoles. Il a coordonné avec l’artiste Stefan Shankland, Tuvalu, une exploration relative au métabolisme urbain, aux flux globaux de matériaux et de la régénération des sols. Il participe activement à L’habiter en Lutte du territoire de la ZAD à Notre-Dame-des-Landes.


DIMANCHE 2 FEVRIER 2020 : Culture et biens communs : une culture PAR tous POUR tous
au Théâtre Victor Hugo, 14 avenue victor Hugo, 92220 Bagneux
de 16h30 à 22h

Animateurs : Muriel Roland (Festival Auteurs en acte) et Yovan Gilles (Les périphériques vous parlent/Université du Bien Commun à Paris).

Intervenant-e-s : Lina Do Carmo, chorégraphe, chercheuse, danse et mémoire rupestre, Brésil ; Théâtre El Duende, Ivry, Un lieu, une troupe, une coopérative ; Marie-Do Fréval, Cie Bouche à Bouche, Paris ; Collectif El Duende, Théâtre, Ivry ; Régis Hébette, Cie Public Chéri, L’Echangeur, Bagnolet ; Marcos Malavia, Cie SourouS, Auteurs en Acte, Théâtre du Vécu ; Fabrice Nicot, metteur en scène chercheur, Vaudou haïtien ; Michel Simonot, dramaturge, sociologue, La langue retournée de la culture ; Philippe Tancelin, poète, philosophe, Pr. émérite Université Paris 8 ; Nadia Vadori-Gauthier, chorégraphe, danseuse, chercheuse, Une minute de danse par jour, Le corps collectif ; Anatoli Vlassov, chorégraphe, danseur, chercheur ; et en clôture, chanson de Saxifrages, groupes de théâtre de femmes de Bagneux.

Clôture festive et dansante à partir de 20 h 30 : avec DJ DansLaNuit AKA Gigi de Paris, qui accompagnera aussi vos textes et poèmes, si l’envie d’en dire vous prenait… DansLaNuit délie l’air du temps, enlace la note bleue, passages étourdissants, vinyles imprévisibles, et sons éponymes. Doigts de fée pour cordes sensibles…

« La culture populaire est celle qui produit le peuple auquel elle s’adresse et cette culture commence dans l’espace public, dans celui des rencontres, des voisinages, des échanges de signes de la reconnaissance mutuelle. Sans cette culture-là la circulation des œuvres n’est qu’un leurre. » Marie José Mondzain

Entre ceux qui fréquenteraient « naturellement » les œuvres et le « non-public », considéré comme privé de culture, il y aurait un fossé qu’il faudrait combler en sensibilisant et facilitant l’accès à la culture POUR tous. Sans renoncer aux infrastructures et aux belles programmations qui irriguent notre territoire, il nous semble essentiel néanmoins de soutenir aussi les artistes qui suscitent une culture co-produite PAR tous, traversière du quotidien, à même de redonner à la relation - condition native de l’être humain -, sa puissance structurante sur le lien social par un véritable « partage du sensible » selon la formule de Jacques Rancière.

Il nous faut d’abord distinguer entre art et culture. S’il n’y a pas d’humanité sans culture, il ne saurait y avoir non plus d’art sans artistes, en nuançant toutefois que les artistes n’ont pas le monopole de la créativité. L’artiste est celui qui fraye des chemins inattendus dans le cadre de la culture, laquelle est toujours un ensemble de pratiques. Pour ce faire, l’artiste s’invente un espace-temps, au prix d’un exercice perpétuel et singulier de réinvention de soi-même et de sa relation au monde, au prix d’un travail souvent acharné et précaire. Or les politiques culturelles imposent trop souvent aux producteurs de formes des préoccupations étrangères à l’activité artistique elle-même. Une instrumentalisation (l’art au service de...) s’ensuit, interférant en la limitant, avec l’invention de la relation entre un auteur et un public. Aussi la production de culture, considérée sous l’angle du bien commun, il s’agit certes de l’inventer au jour le jour, et d’entrapercevoir ses formes présentes et passées. « Est créateur celui qui sait rendre l’autre créateur », la formule est belle, mais la pratique plus difficile à mettre en œuvre.