Dossier de Presse |
Article paru dans Le Monde de l'Éducation de janvier 1997 :
THÉÂTRE POLITIQUE
Des philosophes résistent
photo agnès b |
« En Grande-Bretagne, un enfant sur trois est pauvre. Près de 14 millions de ménages vivent sous le seuil de pauvreté, ils n'étaient que 5 millions en 1979... » Ils sont une petite quinzaine sur scène à répéter de concert ce cri de désespoir, à mi-chemin entre théâtre politique et acte pur de résistance. Ils interviennent dans des salles de spectacles, des lycées agricoles, lors de colloques, et aussi, sur les campus, à l'université. Et pour cause, Les Périphériques vous parlent sont nombreux à être inscrits en philosophie à Paris-VIII-Saint-Denis. À la suite de Descartes, ces jeunes étudiants, mais aussi artistes et chômeurs, souhaitent « explorer le monde pour voir comment se risquent les idées dans le réel. Nous pensons que les étudiants de philosophie ne doivent plus s'en tenir à une position de consommateur de savoir du passé, mais que chacun d'entre eux peut être producteur de sa vie au présent », explique Jérémie qui, comme ses camarades, a fini par se lasser de cours d'histoire de la philosophie venus d'en haut.
Ce n'est pas un hasard si le 14 novembre 1995, jour même du début du mouvement social de l'hiver dernier, naît leur démarche d'une philosophie debout, en référence aux philosophes « culs de plomb » que Nietzsche critiquait. Véritable laboratoire d'idées, d'actes et d'engagements, Philosophes Debout met directement en cause l'enseignement universitaire. Ses membres veulent nouer de nouvelles relations d'échanges entre étudiants et enseignants, entre pensée et action, entre université et monde extérieur. Bref, entre philosophie et citoyenneté. Avec le laboratoire d'études pratiques sur le changement, du metteur en scène Marc'O, et avec les philosophes Isabelle Stengers et Pierre Lévy, Les Périphériques vous parlent ont constitué depuis deux ans une « université d'urgence », ouverte à tous et qui donne des cours à Paris-VIII, à l'École nationale supérieure des beaux-arts, à l'Université Libre de Bruxelles. Une manière d'associer enfin philosophie et politique, comme le précise Yovan : « Nous voulons créer des concepts qui permettent de poser les questions de l'époque. Pas seulement pour les penser, comme le font les intellectuels quand ils disent penser pour la Bosnie ou pour le mouvement social de 1995, mais pour les vivre. Les profs croient que la vérité est inscrite dans les textes, nous croyons qu'elle se trouve dans la façon dont les vivants s'en emparent. »
F. H.
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Les périphériques vous parlent, dernière mise à jour le 23 avril 03 par TMTM
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