HIVER 1995/1996 p. 63 |
Mise en jeu de la philosophie |
Quel avenir ? |
Le 13 avril dernier, l'association STAR et le REAS avaient convié une quarantaine de structures à venir se rencontrer au centre administratif de Pantin afin de lancer les « États généraux du devenir », cette initiative ne peut laisser le SNESup indifférent...
- « Pour que le présent ait un avenir », c'est autour de ce slogan qu'une vingtaine d'organisations fort différentes (association de lutte contre le chômage, syndicat de chercheurs, mouvement d'éducation populaire, centre de formation musicale, etc. ont pu se retrouver et débattre librement de la meilleure façon de mettre en route les « États généraux du devenir ». Ceux-ci poursuivent quatre objectifs :
Abattons les murs qui encagent notre devenir ! |
Pour atteindre ces objectifs, la méthode choisie est celle de la rédaction de « Cahiers du devenir » qui, plus que de simples recueils de paroles brutes, doivent devenir de véritables moyens de mobiliser tous ceux qui, à l'école ou dans les banlieues, à l'usine ou à la rue, se contentent d'une vie sans envie. « L'utopisme debout », s'est écrié l'un des participants, on ne saurait mieux résumer la saine ambition de ce projet.
En quoi ces « États généraux du devenir » concernent-ils le SNESup ? La première réponse est une totale affinité idéologique. En effet, ce mouvement naissant est avant tout un mouvement de lutte contre ce libéralisme sauvage qui partout, y compris au sein de l'Université, engendre précarité et exclusion. De plus, au cœur de ces « États généraux du devenir », se dessine une ambition qui se trouve également au centre de notre pratique professionnelle : aider les individus à passer du stade d'interprète (simple exécutant) à celui d'acteur (auteur de ses actes). Enfin, cette initiative nous concerne très directement, car nous sommes invités à collaborer activement à l'élaboration de « cahiers du devenir » au sein de chaque établissement universitaire.
Plus profondément encore, ces « États Généraux du devenir » doivent nous pousser à nous interroger sur nos pratiques syndicales. Premièrement, ce mouvement rappelle un truisme que certaines sections oublient trop facilement : l'Université ne peut se construire sans les étudiants. Ne commettons pas la même erreur que le gouvernement, dialoguons encore plus étroitement qu'aujourd'hui, avec les étudiants et leurs représentants. Deuxièmement, ce mouvement vient utilement nous rappeler que s'il faut continuer à se battre sur des revendications techniques précises, il faut sans cesse réinscrire ces démarches dans un projet global. Notre projet pour l'Université de demain. Troisièmement, cette initiative plurielle nous convie à penser autrement la lutte : il ne faut plus se polariser uniquement sur la nécessaire augmentation du nombre de nos adhérents, qu'il faut également apprendre à travailler en réseau avec les organisations qui œuvrent dans le même sens que nous. Or, le travail en réseau n'est possible que si chaque partenaire est suffisamment fort, suffisamment sûr de son identité pour s'ouvrir aux autres, sans pour autant renoncer à sa spécificité. Mais, sommes-nous bien sûr de notre identité ? Cette question peut sembler incongrue et fort abstraite. Pourtant, elle pose deux problèmes très concrets que le prochain congrès devrait permettre de résoudre : - Qui compose le SNESup ? Le SNESup de 1995, n'est pas forcément celui de 1993. Aujourd'hui, quelle est l'exacte proportion de jeunes et d'anciens syndiqués, de « stables » et de « précaires », d'hommes et de femmes, de provinciaux et de parisiens, etc. - Quelles sont nos véritables valeurs ? C'est-à-dire quelles sont, au-delà des différentes tendances, les idées que nous partageons tous et sur lesquelles nous pouvons rejoindre d'autres organisations ?
En définitive, ces « États Généraux du devenir » nous apprennent que parmi toutes les questions qui traversent notre syndicat, il en est une sur laquelle le prochain congrès du SNESup doit absolument se pencher : quel est notre projet ? Que pouvons-nous mettre en œuvre pour que, dès maintenant, « le présent ait un avenir » ?
Eric Dacheux
(Texte paru dans le bulletin d'informations du SNESup de mai 1995)
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