 |
Danse des corps, tonte des moutons |
 |
Les objectifs des Fora des Villages du Monde |
| proposition |
Les Fora des Villages du Monde
une démarche pour une mondialisation du devenir citoyen
Une proposition du Groupe de Lisbonne, du Forum Civique Européen et du journal Les périphériques vous parlent avec le parrainage de la Mairie de Saint-Denis, de l'Université de Paris 8 Saint-Denis et du Monde Diplomatique.
Pourquoi les Fora des Villages du Monde ?
Lorsqu'il s'agit d'examiner les problèmes internationaux et mondiaux, et d'ouvrir des pistes de solutions, la parole revient quasi exclusivement aux forces sociales possédant le pouvoir politique, économique et socio-culturel ainsi qu'aux organisations internationales, intergouvernementales et/ou professionnelles qui reflètent, le long d'un éventail très large de sensibilités et d'opinions, les conceptions et les intérêts des groupes sociaux dominants. Exemple typique des dix dernières années : la rencontre annuelle à Davos en Suisse, appelée le « sommet des sommets » où, pendant une semaine, se rencontrent les « grands » et les « puissants » de ce monde (chefs d'entreprises, ministres et parlementaires, maires des grandes villes, prix Nobel et scientifiques de renommée internationale, banquiers...). Au vu de la couverture médiatique dont elle fait l'objet partout dans le monde, elle semble devenir un événement plus important et plus prestigieux que l'Assemblée Générale annuelle de Nations Unies. Simple colloque huppé au départ, elle est aujourd'hui d'hui un lieu de négociations et de prise de décisions. Ainsi, on confie de plus en plus aux « experts » le soin de produire les conclusions officielles des manifestations de la communauté internationale (ce fut le cas typique lors du Sommet du G7 sur la société d'information à Bruxelles en 1994). Le plus souvent, ces « experts » sont des fonctionnaires, voire des « consultants », représentants du monde industriel et financier n'ayant aucune légitimité politique d'origine démocratique.
À notre sens, le projet des Fora des Villages du Monde devrait se fixer l'objectif de devenir une alternative démocratique à ces réunions internationales organisées par des gens qui n'ont d'autre légitimité que d'être les puissants de ce monde. En tout premier lieu, les Fora viseraient donc, sur une base forcément modeste, à promouvoir et à multiplier les lieux et les moments de rencontre « multi-couleurs » (de race, de confession religieuse, d'orientation politique, de culture, d'origine géographique, de groupes sociaux différents) où les petits villages du monde se donneraient la parole pour exprimer leurs « manières de voir » le monde actuel et agir en conséquence. Nous entendons le mot village au sens propre - communautés territoriales telles que les petites communautés rurales ou montagnardes, petites villes ou régions, cités, quartiers, banlieues - et au sens figuré - toutes les communautés sociales, comme les minorités sociales, ethniques, culturelles, les mouvements associatifs, les universités, les entreprises, les syndicats... De même, le sens que nous donnons au terme petit n'est que partiellement lié au facteur de dimension, mais plutôt au positionnement dans les rapports sociaux et de pouvoir au sein d'un système donné. En effet, la mondialisation croissante de l'économie et de la condition humaine dans le contexte actuel de forte accélération des changements techniques, scientifiques et politico-sociaux (libéralisation, déréglementations et privatisations), n'exalte pas seulement les méga-systèmes mondiaux. Elle fait aussi émerger le rôle et la fonction des villages du monde en tant que sujets agissants du devenir citoyen : ils pourraient ainsi devenir les protagonistes de nouveaux processus d'identité et d'appartenance sociale et culturelle, de solidarité, de promotion de la res publica en cherchant de nouvelles formes de représentation politique et de gestion durable de l'environnement, de nouvelles manières enfin de produire et de redistribuer la richesse.
C'est cette perspective qui nous amène à proposer une première rencontre d'individus, de groupes, de communautés, « à l'œuvre » dans ces villages pour fonder, co-construire ce projet. Cette rencontre engagerait les participants à donner une base, une réalité et surtout un devenir à ces Fora. Bien sûr, donner une suite à cette première rencontre, c'est s'engager à multiplier les lieux et les moments où les villages du monde vont pouvoir se donner la parole, dégageant place et possibilités à l'échange d'expériences, de pratiques, de rhétoriques et à des apprentissages axés sur l'humain et le social, différents de ceux promus et « inspirés » par les pouvoirs et les « grands » de ce monde axés, eux, sur l'individu considéré comme une ressource humaine et sur l'outil comme ressource technique.
 |
début de l'article> |
| Les objectifs des Fora des Villages du Monde |
Les objectifs des Fora des Villages du Monde
Les Fora des Villages du Monde pourraient développer les objectifs suivants :
|
“Or, je vous demande maintenant si elle est bien juste la loi qui ordonne à celui qui n'a rien de respecter celui qui a tout.” (Sade)
|
- Un objectif de réflexion sociale. Les villages du monde se rencontrent pour faire avancer la définition et la mise en œuvre de modèles d'organisation de la citoyenneté où les citoyens cherchent à être, à vivre et à faire ensemble dans l'esprit du cum petere : chercher ensemble, qui est le sens originel du mot compétitivité. L'idée est de faire mouvement entre villages où se formulent d'autres devenirs. Chaque forum pourrait ainsi constituer un moment de mise à l'épreuve des capacités d'échanges et de recherches communes,
- Un objectifd'innovation culturelle. D'une part, en rendant visibles d'autres manières de penser et de voir le monde à travers des témoignages concrets et, d'autre part, en promouvant la capacité des participants aux Fora à travailler à d'autres manières de « faire et de vivre ensemble », centrées sur la coopération et la solidarité et non pas sur la compétitivité et les guerres technico-scientifiques, commerciales, industrielles mondiales,
- Enfin un objectif de promotion pédagogique. Production d'un matériel pédagogique sur support papier et multimédia, à distribuer par exemple au niveau des écoles secondaires, des maisons de la culture etc., résumant les manières de voir, de faire et de vivre ensemble présentées, échangées et « mises en écriture » par les participants au forum.
À notre sens, les Fora devraient éviter de produire des déclarations finales, des motions ou des actions adressées aux « grands » de ce monde afin qu'ils « deviennent meilleurs », « prennent de meilleures décisions », « adoptent des politiques plus sociales et humanitaires », « s'intéressent aux plus faibles »... L'expérience montre que les « puissants » sont très heureux de faire l'objet de telles pétitions et motions qui les renforcent dans leur position, mais en définitive leurs choix en tiennent rarement compte. De ce point de vue, les Fora devraient, au contraire, tendre à donner les moyens aux villages d'affirmer et de diffuser leurs lectures du monde multi-couleurs, d'identifier les champs et les modalités des actions qu'ils sont susceptibles de réaliser ensemble pour faire avancer la société contemporaine vers une organisation de la société mondiale plus juste, plus efficace sur le plan économique, plus démocratique, plus tolérante et « dialogante ».
