la philosophie dans le canyon |
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Corps m o r c e l é
Les flambeaux algébriques des philosophies cartésiennes dans nos sociétés occidentales n'ont pas laissé au désordre sa réalité vive de fonction sociale. Nous avons culturellement peur du désordre, synonyme d'une perte de repères ou alors vu comme points de sutures où s'identifie le « je » désincarné ; le désordre est connoté dans nos masques de pensées comme le puits d'une existence infectée. Il n'est pas ici question de porter le culte du désordre dans le sens d'une philosophie esthétique du corps tenue par une magistralité de révérences institutionnelles. Au contraire, il s'agit d'extraire pour notre bien commun, le tissu de chacune des réalités de langage trop souvent marquées par la peur d'exister.
Musique/Danse Overflow au Gibus Photo : Cristina Bertelli |
Et si résister, c'était donner au temps de la rencontre le souffle intemporel de l'échange. Le désordre s'imprimerait alors comme une possibilité de soulever la parole autrement que par les paramètres formels du discours dominant. Il est donc devenu indispensable de reconnaître à la parole ses failles plurielles, de prendre le risque d'écouter les danses du corps même si celles-ci ont du mal à sortir de leurs labyrinthes. Pour cela nous ne pouvons couper la fonction du désordre de celle du temps. Intimement liées, elles tissent l'une avec l'autre la peau de l'existence. Aussi, laisser vivre le désordre, c'est faire que s'écoute la rencontre de l'altérité et que se forge avec elle des matières neuves de pensées. Celles-là mêmes qui vont chercher vers les autres rives le langage d'une résistance organique.