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Photo : Tessa Polak |
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Ce numéro des Périphériques vous parlent, paraît un mois après la tenue à Paris, du 7 au 11 mai, des premiers Fora des Villages et Cités du monde (à l'initiative des Périphériques vous parlent et organisés avec la fondation France Libertés). Cette manifestation internationale a réuni durant cinq jours des organisations venues des cinq continents. Nous ne manquerons pas, dès le prochain numéro, de revenir sur le déroulement, les résultats et le futur d'un événement qui était consacré à l'expression de la créativité des citoyens du monde entier dans tous les domaines.
S'il est question ici de créativité, c'est qu'en lieu et place d'une économie de marché globalisée qui repose sur la compétitivité et une organisation salariale de la société elle aussi en voie de mondialisation, émergent partout des innovations, des expériences, des luttes, des résistances qui proposent des manières de penser, de travailler et de produire, stimulées par des logiques autrement différentes que celles qui régissent le marché. La richesse des hommes et des femmes ne peut être réduite à la richesse du marché, pas plus d'ailleurs que la citoyenneté ne dépend du bon vouloir des professionnels de la politique.
À ce point, deux questions se posent :
- Comment faire pour qu'une alternative à la globalisation de l'économie ne se borne pas seulement à des solutions de type économique ou humanitaire qui, sans nier qu'elles soient nécessaires, représentent le plus souvent des réponses incomplètes aux désastres sociaux consécutifs à la mondialisation ?
- En conséquence, quelles perspectives culturelles peuvent bien découler du rejet de la pensée unique ? Il n'existe, bien évidemment, pas de réponse miracle à une telle question ; néanmoins les ressources dont font preuve des citoyens de plus en plus nombreux pour contredire aux desseins de cette pensée unique, sont loin d'être négligeables. (Nous renvoyons à ce propos à l'article de Marc'O).
À ce jour, les conséquences de la mondialisation sont évidentes : augmentation des inégalités entre pays enrichis et pays appauvris qui voient leurs ressources pillées, précarité croissante du travail, multiplication des cités ghettos. Mais lorsqu'on évoque des pistes de solution, il ne fait aucun doute que, pour changer cette situation, une meilleure redistribution et répartition des richesses s'imposent aux yeux de tous. On ne peut le nier. Mais croire, que cela seul puisse venir à bout des nuisances de l'économie de marché et surtout de sa culture basée sur un idéal de consommation qui prétend suffir au bonheur humain, est une illusion dangereuse dont il faut se garder.
Cette vue va amener alors à considérer que la citoyenneté dépendrait uniquement de l'accès pour chacun à un niveau de vie décent, alors que l'exercice de la citoyenneté s'il a certes comme condition préalable le recul de la misère, signifie avant tout comme le formule Riccardo Petrella, « acquérir la capacité de pouvoir fixer l'ordre du jour ».
Quand nous parlons de culture, nous ne nous référons certainement pas à un modèle de culture. Nous parlons plutôt d'une culture qui se cherche si, par culture, on veut bien entendre de nouvelles possibilités de vie et d'expression. Et s'il s'agissait comme le précise André Gorz « d'une culture de la mobilité, de l'aléatoire, de l'expérimentation ; culture de la précarité assumée et retournée contre cette société qui prétend expliquer le chômage par l'insuffisante “employabilité” des chômeurs et leur manque d'assiduité dans la course derrière l'emploi introuvable » ?
Aussi, c'est à la connaissance de pratiques culturelles émergentes que ce nouveau volet des Périphériques vous parlent voudrait inviter. S'inscrivant dans la continuité des deux numéros précédents consacrés à la relation Sport/Philosophie/Politique, ce numéro se propose toutefois d'explorer d'une façon plus large ce que nous appellerons des manières multiples de faire culture aujourd'hui.
Les articles qui composent ce numéro ne prétendent pas apporter des réponses à toutes les questions que nous avons évoquées ci-dessus, mais, du moins, nous souhaiterions que toutes ces réflexions restent cependant présentes à l'attention de nos lecteurs quand ils liront des articles qui touchent à des sujets très différents. Les articles et entretiens qui le composent expriment, en effet, des orientations, des démarches, des expériences ayant lieu dans le domaine du sport, des sciences humaines, des expressions artistiques, de la littérature, ou encore de la recherche scientifique.
Les lecteurs remarqueront, sans doute, que le domaine expressif est mis au premier plan. Expression des idées et « techniques du corps », pour reprendre Marcel Mauss, sont ici intimement liés, tout simplement parce qu'une pensée sans corps n'a de cesse de nous confiner à l'univers aseptisé de la pensée unique, cravatée et formatée, par la haine de tout ce qui bouge en dehors des limites des discours convenus.
De là, la proposition des Périphériques vous parlent de mettre la créativité à l'ordre du jour de la rencontre des Fora de Paris (voir le texte Considérations sur la créativité). Pour conclure, nous citerons Amadou Tall, un jeune de Yeumbeul, ville située dans la banlieue de Dakar qui confiait à Jérémie Piolat présent au Sénégal dans le cadre de la préparation de ce projet : « Ici, la précarité, le manque de moyens sont tels que notre seule matière première est la créativité ». La créativité est le seul luxe humain que l'être humain ne peut se payer et qu'il peut s'offrir lorsqu'il ne lui reste rien. C'est pour cela que l'expression de la citoyenneté ne gagnera du terrain qu'à la condition de considérer cette créativité comme la seule richesse inaliénable.
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La dynamique du sommaire
Photos : Tessa Polak | |||||||||||
Objectif Overflow
Des aventures athlétiques, philoso-
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Quelle impor-
tance ? Remarques à chaud sur les Fora des Villages et Cités du monde, par Marc'O. Parler de citoyenneté amène forcément à bouleverser ce qui fait l'ordinaire d'un monde régi par la pensée unique. Le projet des Fora représente, en cela, une opportunité majeure, de changer le cadre habituel des pratiques politiques. |
Yamakasi, l'art du déplace-
ment, En réponse à cette intégrité du mouvement dont parle Gibus de Soultrait, l'art risqué des Yamakasi, en mouvement sur leur théâtre des opérations à Evry. |
La liberté a
fait son temps, l'intégrité est en mouve- ment, par Gibus
Notre époque est celle des désordres
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Du désespoir visuel à l'espoir par l'image,
par Federica Bertelli. Le paradoxe veut que le pouvoir de l'image tienne à des images sans devenir. Les poubelles télévisuelles regorgent de clichés qui façonnent notre perception du monde. Mais l'espoir est ailleurs, dans l'image ; le visuel a fait son temps. |
La percep-
tion ethnoscéno- logique, entretien avec Jean-Marie Pradier. Comment pense-t-on avec son corps ? Mais encore, comment échapper à un point de vue « ethno-
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Le protago-
niste, l'agôn, la barbarie, par Yovan Gilles. La poésie peut être un sport. Il ne fait guère de doute que la poésie est destinée à devenir le sport du XXIème siècle. Éloge de la Barbarie. |
Une nouvelle réforme de l'audio-
visuel, par Jil Valhodiia. Où il est question d'art martial, de danse dans les rituels d'émanci-
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l'homme occidental Occiden-
talisé, par Jérémie Piolat. Comme en écho à la créolité dont nous parle Confiant, cet article met en question l'idée que l'occidental se fait de lui-même. L'européen est un métis qui s'ignore et, qui plus est, est tombé dans l'ignorance d'une histoire qu'il prétend enseigner aux autres peuples. |
Penser la créoli-
té - Les expropriés de la connais- sance, entretien avec Raphaël Confiant. Le monde devient créole, mais cette richesse de l'identité multiple n'a d'avenir qu'à la condition que les classes dépossé-
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Splendeurs et misères du Football,
entretien avec Lilian Thuram. 1ère partie.
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Trajet d'un pataculteur,
par Jacques Testart. Parcours d'un chercheur et destinée des innovations scientifiques instrumentali-
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ours |
n° 12, mars - avril - mai 1999
- Comité de rédaction : Federica Bertelli-Giustacchini (directrice de la publication), Anne Calvel, Yovan Gilles, Christopher Yggdre.
- Collaboration au secrétariat de rédaction et transcription des entretiens : Norbert Bottlaender-Prier.
- Collaboration à la diffusion : Samira Sissani, Jérémie Piolat.
- Photographie de couverture : Patrick Boutroux/Presse Sports, Retravaillée par Kathrin Ruchay.
- Photographies : Fabrice Fortin (pages 38/39, 46 et 74 ; Tessa Polak pages 1, 4, 5 et 62 ; Olivier Poirot pages 13, 16, 20, 35 et 71 ; Roland Fuque, page 41.
- Photographies de surf extraites du livre L'Homme et la vague, textes de Gibus de Soultrait, photos de Sylvain Cazenave, éditions Vent de Terre et Surf Session.
- Remerciements pour les photos des Yamakasi à Pam Productions (Bruno et Patrick Girard).
- Nous remercions pour leur soutien financier, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, et le Ministère de l'Agriculture (la DGER). Nous précisons que ces soutiens n'impliquent aucune contrepartie, et que notre autonomie d'expression reste la même. Revue publiée avec le concours du Centre National du Livre.
- Maquette : Atelier Patrix
- À l'initiative des membres de la rédaction, qui sont pour la plupart étudiants à l'Université de Paris 8, Les périphériques vous parlent y ont créé une association intitulée : Professeurs/Étudiants Acteurs.
- Le journal Les périphériques vous parlent est étroitement associé aux activités de production et de recherche du groupe musical et théâtral Génération Chaos : Federica Bertelli, Sébastien Bondieu, Anne Calvel, Raphaël Cendo, Yovan Gilles, Jérémie Piolat, Piersy Roos, Kathrin Ruchay, Samira Sissani, Christopher Yggdre, Marc'O, Jean-Charles François, Cristina Bertelli.
- ISSN N° 1246-2314, dépôt légal à parution.
- Journal trimestriel, commission paritaire n° 74867.
- Imprimerie Dumas.